A l’aube du 10e siècle, une fois la menace sarrasine éloignée, le Roussillon connaît un essor politique, religieux et intellectuel considérable. Cette prospérité permet, entre autres, l’édification d’une multitude de chapelles dans toute la province. Argelès se trouve ainsi placée au cœur du mouvement qui imagine et fonde les beaux édifices romans du sud de l’actuelle France.
Par la suite, avec l’apparition progressive de la féodalité, une autre forme architecturale s’impose : les forteresses. Les environs d’Argelès n’échappent pas au mouvement. Les seigneurs locaux y érigent les châteaux de Taxo d’Avall et de Pujol.
A la fin du 12e siècle, la ville et sa province, propriétés des comtes du Roussillon, sont léguées aux comtes de Barcelone. La situation perdurera jusqu’en 1276.
Durant cet épisode, Argelès fait partie du royaume de Majorque, un modeste état pris en étau entre deux puissances : la France et l’Aragon. La chaîne des Albères en constitue la frontière méridionale. Afin de protéger ses terres contre les éventuelles attaques venues du Sud, Jacques II de Majorque fortifie les crêtes de cette montagne. Il y fait dresser un chapelet de puissantes tours, à l’image de celle de la Massane.
Désormais située dans une zone frontalière sensible, la cité occupe une position stratégique clé. Le pouvoir l’enferme dans d’imposants remparts (dont il reste encore aujourd’hui quelques vestiges) et devient une des principales places fortes de la région. Au cours de cette période, l’église fortifiée et son clocher tour sont également édifiés. Ils s’élèvent toujours au centre du vieux village.
En 1344, l’éphémère royaume de Majorque disparaît à jamais dans les remous de l’Histoire. Argelès et sa province reviennent à l’Aragon suite au siège victorieux de la cité par les troupes du roi Pierre IV. Par la suite, la ville deviendra régulièrement la cible des troupes françaises et espagnoles qui se disputent le territoire qu’elle défend.