UNE MÉDAILLE POUR LE PRESSING DE "PAULETTE"


Publié le 15/04/2021

Au 54 de la route Nationale, le pressing de Paule Auer-Costa vient de tirer définitivement le rideau. Après 53 années d'activité, c'est une page du commerce argelésien qui se tourne. Véritable institution locale, il a même été l'un des tout premiers a être créé en France en 1968. Désormais à la retraite,  "Paulette" vient de recevoir la Médaille de l'Artisanat des mains de Robert Bassols, président de la Chambre des Métiers et de l'Artisanat, en présence d'Antoine Parra, maire d'Argelès-sur-Mer, de Laurent Fabre et Nicolas Rabat, élus délégués au commerce et à l'artisanat.

Une institution argelésienne
Pendant la guerre d'Algérie, Paule Auer-Costa est envoyée par ses parents chez ses grands-parents à Argelès-sur-Mer. Elle entre à l'école primaire, installée à l'époque dans le bâtiment qui est aujourd'hui celui de l'Hôtel de Ville. Elle y remporte le premier prix d'un concours de propreté. "J'étais prédestinée à laver le linge", déclare-t-elle. Après l'indépendance de l'Algérie, la famille Auer-Costa arrive en 1966 à Argelès-sur-Mer et s'installe au cœur du village, au n°54 de la route Nationale. A la recherche d'un emploi et constatant qu'il n'y a à l'époque aucun pressing à Argelès-sur-Mer, la maman de Paulette, retraitée de l'enseignement et d'origine argelésienne, décide avec sa fille d'en ouvrir un, à l'endroit même où la famille a élu domicile. Pendant un an, Paule travaillera dans un pressing de Port-Vendres pour apprendre le métier. Le 13 novembre 1968, les deux femmes ouvrent ensemble le pressing d'Argelès-sur-Mer.

Un lieu de convivialité
Depuis 53 ans, le lieu est installé au même endroit et a accueilli dans la convivialité trois générations de clients argelésiens pour le nettoyage à sec et le repassage de leurs vêtements. Quand on poussait la porte du pressing de "Paulette", c'est avec un sourire chaleureux que l'on était accueilli. Elle prenait soin de nouer avec chaque client un lien personnel, affectif. "Les gens venaient, discutaient. C'était un lieu d'échanges conviviaux. Les relations humaines sont importantes pour moi. J'ai noué avec les clients du pressing un lien de sympathie, un lien privilégié. Je les connais individuellement et ils m'ont témoigné en retour une grande gentillesse et une fidélité", confie-t-elle.

Une page se tourne
Contrainte et forcée, Paulette a dû se résoudre à fermer sa boutique : le perchloréthylène, ce produit chimique utilisé pour le nettoyage à sec dans les pressings, sera dans quelques mois totalement prohibé en France. Impossible, alors qu’elle fêtera ses 75 ans d’investir dans une nouvelle installation respectant les nouvelles normes. Le métier étant devenu difficile, elle n'a pu, malgré le soutien de la Chambre des métiers et de l'Artisanat, trouver de repreneur.
A celle à qui il avait remis la médaille de la ville en 2019, le maire d'Argelès-sur-Mer, Antoine Parra, a souhaité remercier à sa manière " la commerçante exemplaire qu'elle a été mais aussi et surtout la personne qui a su entrer dans le cœur des Argelésiens et plus encore ". Bonne retraite Paulette !